Le futur de l’IA se profile déjà avec l’IA agentique et la multimodalité. Pour préparer l’avenir et dégager une valeur durable, les entreprises doivent dès à présent adopter la bonne stratégie. Après avoir vu les usages de l’IA déjà bien ancrés et les promesses nouvelles, on vous explique comment construire les fondamentaux d’une stratégie IA industrielle et responsable…
L’IA générative a connu une première vague. La suivante se prépare déjà, annonçant une nouvelle étape de transformation de l’IA en entreprise d’ici trois à cinq ans.
Pour Mick Levy, Directeur Stratégie & Innovation (Orange Business) deux sujets incontournables en IA s’imposeront à l’agenda des décideurs au cours des prochaines années : la multimodalité et les agents.
Agents et multimodalité : un futur de l’IA perceptible
Ces deux grandes tendances se dessinent d’ores et déjà. La première, l’omnimodalité ou multimodalité, concerne la manière d’interagir avec les modèles. Actuellement, l’interaction s’opère très majoritairement par le biais de prompts, du texte rédigé en langage naturel. En sortie, du texte également, mais aussi des images et de la vidéo. Peu à peu, les IA engagent d’autres modalités en acceptant en entrée du texte, toujours, mais aussi de la voix et de la vidéo. Grâce à ces données, elles perçoivent un contexte plus riche.
“La multimodalité sera un facteur majeur de diffusion plus large des IA, dans le grand public, et de l’expérience avec les machines grâce à de nouvelles interfaces d’échange”, projette Mick Levy.
L’IA agentique constitue la seconde tendance à venir. L’ère des agents, c’est celle qui dote les IA de la capacité à réaliser des actions de manière autonome. Alors que les IA génératives se contentent de créer des contenus, les agents sont capables de conduire des actions complexes de bout-en-bout. Pour agir, l’humain attribue un objectif qu’une IA orchestratrice s’efforce d’atteindre en coordonnant et répartissant des tâches entre plusieurs autres IA.
“Ce futur pourrait se concrétiser assez vite. Des composants le permettent, dont les IA orchestratrices et les LAM ou Large Action Models conçus pour gérer les actions des IA et non plus uniquement de la génération.”
Approche produit, gouvernance, Green, AI Act…
Pour accueillir ces nouvelles technologies, les entreprises doivent dès à présent apprendre à tirer le meilleur parti des solutions existantes. Des acteurs privés et publics, comme BPCE, Pierre Fabre et la Région Île-de-France travaillent à concilier IA à l’échelle et responsabilité.
« L’IA pour tous, c’est de la technologie, mais d’abord 70 à 80% d’humain et de change. »
Luc Barnaud, Group Chief Data & AI Officer (BPCE)
Pour le groupe BPCE, les systèmes d’IA constituent la troisième vague de digitalisation des banques, après celles d’Internet et des smartphones. Destinée à devenir un standard, l’IA doit être accompagnée dans son déploiement et son intégration dans les outils du quotidien des collaborateurs, souligne Luc Barnaud, Group Chief Data & AI Officer.
En matière d’IA, l’acteur bancaire poursuit deux axes : l’IA pour tous, pour améliorer les performances individuelles, et l’IA transformante, qui touche aux processus business. Pour y parvenir, des changements s’imposent par rapport aux méthodes antérieures d’intégration de l’IA.
« L’IA pour tous, c’est de la technologie, mais d’abord 70 à 80% d’humain et de change« , prévient le CDO. L’expertise IT, métier et Data ne suffit pas, “il faut mettre d’autres acteurs autour de la table.” Cela englobe les RH, les équipes pilotant les organisations et la transformation, etc. “Il est absolument indispensable d’élargir les équipiers de nos projets pour réunir toutes les compétences.”
Le développement des solutions nécessite aussi une approche orientée produit, des actions sur la qualité des bases documentaires et plus seulement sur les données structurées, tout comme des mesures sur la formation et l’acculturation.
BPCE a ainsi enrichi les modules disponibles au sein de sa Data & AI Academy. “L’humain doit conserver son discernement. Nous avons encore un cerveau et il est extrêmement complémentaire de tout ce que peuvent apporter les technologies”, souligne Luc Barnaud.
Des ambassadeurs dans les métiers et des enjeux de souveraineté
Le Data & AI Office, une structure transverse, doit aussi pouvoir s’appuyer sur les métiers, responsables d’organiser leur propre déploiement. Le métier du paiement de BPCE s’est ainsi doté d’un programme et d’une cinquantaine d’ambassadeurs, des relais au plus proche du business.
Antoine Carette, Directeur de la Donnée de la Région Île-de-France, adhère à ces bonnes pratiques. “Il est important de développer la logique produit et la relation de confiance entre les fonctions Product, Tech et métiers pour concevoir des solutions performantes et fiables”, réagit-il.
L’expert de la collectivité francilienne rappelle aussi l’enjeu de la Data Gouvernance. “Une IA pertinente, c’est une Data travaillée, qualifiée, certifiée, etc.” Or, la gouvernance reste souvent perçue comme essentiellement un poste de coût. “À la région, elle gagne en intérêt auprès des métiers”, se félicite Antoine Carette. Les cas d’usage souhaités par le métier participent largement à cette adhésion.
Clara Thibault, Chief AI, Data & Analytics Officer du groupe Pierre Fabre, est, elle aussi, bien décidée à surfer sur la vague de l’IA générative. “Pour les CDO, c’est la plus belle opportunité pour réenchanter le narratif autour de la Data.” C’est sur ce postulat que la Chief Data Officer s’appuie pour structurer sa stratégie. Et pour dépassionner les débats, elle mise également sur une évaluation régulière de la maturité Data & IA. Le groupe réalise ainsi l’évaluation de ses différentes BU avec le modèle de stratégie à six dimensions (usages, culture, gouvernance, responsabilité, technologie, exécution) formalisé par Orange Business.
Avec cette approche pragmatique, la mesure de la maturité se traduit par une “photographie très objective” permettant d’élaborer des “plans d’actions très concrets et constructifs” alignés sur le niveau de maturité réel.
Conformité à l’AI Act et réduction des impacts environnementaux
Outre la maturité, d’autres leviers viennent influer sur les stratégies IA des organisations, dont la prise en compte d’enjeux sociétaux, par exemple. Pour la Région Île-de-France, la souveraineté constitue ainsi un paramètre incontournable, au même titre que la conformité. “La régulation est un moteur”, indique Antoine Carette. Et ce n’est pas nouveau. Le RGPD avait été un accélérateur de la gouvernance des données. L’AI Act joue ce rôle sur l’IA.
“La réglementation nous offre un framework pour travailler nos cas d’usage, les qualifier, évaluer nos risques, etc.” Sur les aspects de souveraineté, la Région Île-de-France a fait le choix de modèles souverains avec LightOn et d’un hébergement lui aussi souverain auprès d’Orange Business.
La mise en conformité constitue également un incontournable pour les acteurs régulés que sont les banques. Un premier jalon de l’AI Act a été posé début 2025 pour proscrire certains usages qualifiés d’à haut risque.
“Bien sûr, nous n’avons pas attendu la réglementation pour travailler la robustesse de nos modèles. La régulation existante nous imposait déjà une revue des modèles sur les domaines sensibles, dont l’octroi de crédit”, poursuit-il.
Le groupe prévoit d’étendre son savoir-faire existant pour l’appliquer à l’ensemble des modèles. “Nous finalisons le recensement de tous nos systèmes. Nous allons les cartographier, les classifier et appliquer pour chacune des catégories établies par l’AI Act les obligations prévues.”
BPCE revendique une approche responsable, qui va au-delà de la seule conformité. L’IA responsable, c’est également une IA frugale. Labellisée numérique responsable, l’entreprise Pierre Fabre accorde elle aussi de l’importance à la frugalité des technologies et des pratiques de déploiement.
Les laboratoires ont pris de premières actions pour agir sur les impacts environnementaux. Playground, l’assistant conversationnel interne, embarque un éco-mode. Dans cette configuration, les requêtes des utilisateurs sont traitées par des LLM peu consommateurs. Outre la réduction de la consommation, le mode éco permet de sensibiliser les collaborateurs sur leurs usages. De plus, Pierre Fabre teste actuellement des solutions d’évaluation de l’impact environnemental des applications d’IA.
“La dimension environnementale de l’IA et la maîtrise des impacts seront assurément des sujets centraux au cours des années à venir”, conclut Mick Levy. “Ils doivent être au cœur de la définition de la stratégie IA des organisations.”
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Cet article a été rédigé en collaboration avec Christophe Auffray.
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